Sadio Bee métisse la mode.
Né de père Guinéen et de mère Sénégalaise, c’est à Dakar que Sadio passe son enfance et que son identité africaine se construit. Son père possède un atelier de couture dans la Médina, le quartier populaire de la capitale. L’atelier tient une place importante dans la famille car il fait partie de la maison et son père y reçoit une clientèle très variée. Sadio commence à travailler à l’atelier en 1981. Son père, diplômé d’une école de couture, lui apprend les techniques essentielles et les bases du métier.
Très vite, Sadio commence à inventer ses propres modèles : il développe les talents et l’originalité qui feront de lui le créateur qu’il est aujourd’hui devenu. Son père part vivre en France en 1985 où il ouvre un nouvel atelier. Sadio est alors en charge de l’atelier de Dakar et suit en même temps une formation scolaire.
En 1990, il quitte le Sénégal pour rejoindre son père à Paris. Là, il continue à créer et ses modèles rencontrent de plus en plus de succès. Face à une demande grandissante, il décide de s’ouvrir à un large public et expose ses modèles dans des espaces jeunes créateurs (court circuit, free market, etc…), il est de tous les festivals. Son style plaît, ses créations enchantent et rencontrent un grand succès auprès d’un public varié : européens et africains, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes.
En 1999, Sadio adopte définitivement son nom de créateur et dépose sa marque : Sadio Bee. Création de l’Atelier Sadio Bee en 2002. : Sadio ouvre son atelier-boutique tout en continuant à exposer ses modèles dans des espaces créateurs, notamment à l’Atelier 74 (galerie dans le quartier du Marais à Paris) où il présente régulièrement ses nouvelles collections. Après avoir conquis le public de la capitale de la mode, Sadio se rend aux Etats-Unis, à New-York en 2004 afin de présenter ses créations dans les espaces jeunes créateurs. Comme à Paris, Sadio y rencontre un vif succès et il va même intéresser les costumiers de Broadway qui trouvent en lui un nouveau style et une originalité qui tranche avec ce qu’ils avaient vu jusqu’ici. Les tissus sont travaillés différemment, les formes africaines sont revues façon européenne et cela plaît au public américain. Ses débuts dans l’aventure internationale se poursuivent avec plusieurs passages à Londres ou ses défilés et expositions sont là encore accueillis avec enthousiasme. Les britanniques, comme les français et les américains, voient en lui un styliste pionnier de la fusion afro-occidentale.
Mixtissages, ce sont des matières africaines traditionnelles (wax, basin, bogolan) mariées à des coupes occidentales modernes et adaptées à la vie urbaine. Ainsi Sadio réussit à actualiser le tissu africain à chaque saison. C’est un style qui convient bien à tous ceux et celles qui souhaitent s’habiller avec originalité. Dans ses dernières collections, on trouve des jupes déstructurées à plis creux, des robes bustiers, des sarouels, des pantalons aux finitions asymétriques, des robes gitanes et des manteaux en bogolan. Les années 70, leurs fronces, leurs plis, ont beaucoup inspiré ses créations. Les perspectives d’avenir de Sadio Bee sont larges : beaucoup de choses restent à créer. Il s’agit d’européaniser la mode africaine, sans la trahir. Sadio Bee s’applique à harmoniser ces deux mondes qu’il connaît aujourd’hui si bien. Cette double culture fait partie de lui et c’est elle qu’il exprime au travers de ses « Mixtissages ».
Comme tout africain, Sadio aspire au développement de son continent d’origine et même s’il reste modeste, il est conscient du symbole qu’il constitue pour de nombreux africains.
A suivre...